Israël : Comme une forte odeur de gaz

Derrière les communiqués de presse repris à la lettre par les médias occidentaux et la complexité historique, dans les coulisses, cette guerre contre le Hamas dégage une forte odeur de gaz dont les côtes de la Bande de Gaza regorgent.

L'utilisation de cette ressource énergétique ainsi que les revenus financiers potentiels sont des données géopolitiques à intégrer si l’on veut tenter de comprendre: les enjeux politiques, la violence militaire disproportionnée israélienne ainsi que l'obstination du Hamas.

En début de semaine, Moshe Ya’alon, le Ministre de la défense israélienne, avait confirmé, le durcissement des attaques contre le Hamas. Dans le cadre de sa stratégie, le chef d'orchestre de l'actuel pression militaire sur Gaza, a totalement inclus les données énergétiques.

 

La Bande de Gaza regorge du précieux gaz convoité par Israël

Bref retour en 2007, une année avant l’opération destructrice et punitive «Plomb durci». A l’époque, le souci majeur de Moshe Ya’alon était les 500 milliards de m3 de gaz découverts aux abords de la bande de Gaza pour une valeur estimée à 4 trilliards de $. A l’époque, il avait écarté l’idée que ces revenus gaziers puissent aller dans les caisses de l’Etat palestinien et ainsi lui offrir une quelconque  indépendance économique. «Les revenus gaziers ne permettront  certainement pas l’amélioration de la situation du peuple palestinien mais au contraire à financer des actions de terreurs contre Israël ». Ce point de vue servait à légitimer le fait qu’Israël devait s’emparer de cette ressource, dont le pays fait cruellement défaut, afin d’épargner la sécurité du pays.

 

Désarmer le Hamas pour s'assurer du Gaz

Cependant, une transition gazière avec l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas ne peut se faire sans le consentement du Hamas, la branche armée de la rébellion palestinienne. Soit le Hamas bénéficie d’une partie de ces revenus, soit il lance logiquement des attaques contre les moindres prémices d’exploitation gazière. Actuellement Abbas aurait conclus avec Israël un accord qui rapatrierait seulement 10% des revenus pétroliers et le Hamas n'en verrait le moindre centime.

Pour Israël, il est évident que sans le désarment complet du Hamas, les forages ne peuvent pas prendre place aux larges des côtes de Gaza.

Malgré la mort de 1’387 palestiniens dont 773 civils, l’opération Plomb durci n’a pas réussi à éliminer l'armement et la puissance du Hamas afin d’instaurer un climat favorable pour une négociation finale avec la Palestine. Le commentaire de Ya’alon illustre bien la doctrine du gouvernement de Jérusalem qui voit dans le Hamas une menace sécuritaire mais également la possibilité que la Palestine puisse se développer économiquement et chambouler l’état d’indépendance artificiellement maintenu par le Premier Ministre Netanyahu.

 

Israël face à la pénurie énergétique

Depuis la découverte de ce gisement gazier dans les territoires occupés, l’obsession d’Israël est de s’emparer de cette ressource pour son propre compte. Depuis le printemps arabe, l’Egypte a pratiquement coupé les livraisons d’or bleu en direction d’Israël et le pays est en train de faire face à une pénurie énergétique sérieuse couplé avec un manque d’eau chronique. Les prix de l’électricité ont atteint des sommets et il n’est pas étonnant, que les entreprises cleantech fleurissent sur ce terreau propice à l’efficacité énergétique.

En parallèle, Israël a découvert le champ gazier de Leviathan, 6 milliards de m3, ce qui pourrait permettre à l’état hébreu de se dégager de sa position énergétique inconfortable. Le problème majeur de ce gisement est qu’il se trouve entre les eaux territoriales israélienne, syrienne, libanaise, chypriote ainsi que de la bande de Gaza.

Même si l’exploitation commerciale et à grande échelle de ce champ n’est pas prévue avant quelques années, les tensions sont déjà vives entre les différentes nations.

 

Les Majors Internationales se bousculent

Même l’infatigable et controversé Tony Blair a tenté un passage en force avec British Gaz. L’ancien Premier Ministre Anglais ne recule jamais devant la possibilité de rouler sur les corps des civils afin de privilégier ses compagnies pétrolières. Avec son cynisme coutumier, il a tenté d’écarter le Hamas et les habitants de Gaza dans le partage des revenus. Heureusement que le russe Gazprom s’est également glissé dans la brèche pour revendiquer à son tour le privilège d’exploiter Leviathan.

Pendant ce temps sur le terrain, Israël tente de rendre impossible l’accès aux champs gaziers de Marine-1 et Marine-2 aux palestiniens dans le but de minimiser l’afflux de pétrodollars dans les poches palestiniennes.

 

Le conflit Israël-Palestine n’est clairement pas qu'une guerre énergétique. Mais à l’heure où le gaz commence à manquer et les prix de l’électricité qui explosent, les gisements de Gaza et leurs potentiels économiques sont clairement sur la table. Une destruction du Hamas permettrait à Israël de se positionner différemment face à ses voisins. Combien de civils faudra-t-il sacrifier pour y arriver?

 

 

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