Les fuites de méthane du gaz naturel scrutées depuis l’espace

De plus en plus de publications d’études scientifiques dévoilent de larges fuites de méthane lors de la production, le transport et la combustion du gaz de schiste aux USA, au point que de nombreuses villes américaines ont interdit, pour des raisons climatiques, l’utilisation du gaz naturel pour le chauffage et la cuisine.

En 2018, les premières mesures avaient été révélées par l'Environmental Defense Fund (EDF) et l’université de Harvard. Elles avaient révélé des émissions 60% plus élevées que les mesures des exploitants gaziers et du gouvernement Trump via son agence environnementale "Environmental Protection Agency" (EPA).

 

Des Etats-Unis à l’Europe

Il est vrai que la pratique d’extraction de schiste est très polluante et inquiète la population américaine. Cette sensibilité plus exacerbée avait poussé certains organismes, universités et scientifiques à obtenir des données factuelles et plus précises qu'un gribouillage sur un papier. Ainsi, l’utilisation d’images satellites et de technologies spatiales ont émergé.

Les études publiées, notamment dans Nature Magazine, démontrent que l’industrie pétrolière et gazière a sous estimé de 25 et 40% ses émissions de méthane.

En Europe, les producteurs et revendeurs de gaz naturel ont réussi à éviter que les projecteurs éclairent cette problématique environnementale alors que les exploitants de gaz ont positionné leur produit comme "le parfait outil de la transition énergétique". Ce concept avait été élaboré dans les années 80 par le lobby américain gazier. Aujourd'hui, il est largement remis en cause (lire National Geographic).

L’Europe pouvait s’émanciper des mauvais chiffres du schiste américain, car le gaz consommé en Europe vient de Russie, d’Algérie, d’Iran, de la Mer du Nord avec une extraction conventionnelle moins polluante.

Cependant, les nouvelles données venues du ciel montrent que l’exploitation traditionnelle de gaz naturel dégage également de fortes émissions de méthane.

 

Emissions de méthane dans la production de gaz naturel.
Kayrros a publié une liste de points sensibles à travers l’Europe.
Selon les images satellites,
une fuite de 17 tonnes par heure vient du champ gazier de Yamal opéré par le russe Gazprom.
La carte montre également tous les points d’émissions importants.
Source Kayrro

 


Des émissions de Méthane sous estimées jusqu’à 40%  

En collaboration avec le système spatial Européen Copernicus Images, l’entreprise énergétique Kayrros permet maintenant de quantifier des fuites mondiales de méthane notamment au niveau du gaz et du pétrole. Le méthane est 28 fois plus virulent que le CO2 et les fuites de méthane représentent un équivalent de 1,8 gigatonne de CO².

Kayrros a rejoint le GHSSat qui répertorie les émissions de gaz à effet de serre depuis l’espace. En octobre dernier, le GHSSat a estimé des fuites records à 142’000 tonnes de méthane entre janvier et septembre 2019

 


Forage de Schiste dans le Bassin Permien, USA
Source: European Space Agency

 


 

Ces données remettent en cause la légitimité du gaz naturel comme énergie de transition

Ces nouvelles technologies et données sont une bonne nouvelle pour le climat. Elles permettent de découvrir les sources d’émissions de gaz à effet de serre, de localiser de manière précise les lieux d'émissions, d'identifier les entreprises et de s’y attaquer de manière chirurgicale pour autant qu’une volonté politique et économique sont en place.

Avant de se faire pointer du doigt, les pétroliers et gaziers BP et Shell ont pris les devants et investissent à leur tour dans l’imagerie satellite afin de découvrir les fuites de leurs propres installations.

De leur côté, les géants américains comme Chevron et Exxon ainsi que l’administration américaine ou les Russes de Gazprom, on préfère ne pas en tenir compte des fuites de méthane pour des raisons économiques. Ainsi Washington, via son agence de l’environnementale, EPA, est en train d’éliminer toutes les législations concernant les émissions de méthane. L’objectif est de diminuer les coûts de production et de relancer la production gravement impactée par le coronavirus.

 

 

En Europe, à l’image des villes américaines, des régions et des villes étudient l’interdiction de l’utilisation du gaz pour le chauffage et la cuisine notamment dans les nouvelles constructions. Cependant, au niveau de la Banque Européenne, de la Banque Mondiale et du FMI, les grandes institutions continuent de soutenir massivement et financièrement l’utilisation du gaz pour générer l’électricité.

Pour combien de temps encore ?

La réponse viendra-t-elle du ciel ?

 

Exemple de fuites de méthane dans un forage de gaz de schiste dans le Bassin Permien aux USA
Source: GHGSat - Copernicus

 

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